L’Adour et ses multiples crues ont façonné les barthes, milieu naturel exceptionnel entre terre et eau. Vastes plaines marécageuses riches de l’alluvion déposée à chaque crue du fleuve, les barthes hébergent une faune et une flore propres à ce milieu. Parsemées de chênes, entrecoupées de mares et de canaux qui limitent les prés où vivent des dizaines de chevaux, elles sont aussi le paradis du gibier d’eau et de multiples oiseaux : aigrettes, hérons et cigognes.
Vaste étendue d'eau, d'herbe et de monticules jonchés d'arbres alignés (dits baradeaux), les barthes hébergent chevaux lourds et poneys barthais, ainsi qu'une faune riche : cigognes, bécasses, hérons cendrés... Avec un peu de chance vous pourrez apercevoir une aigrette immaculée juchée sur le dos d'un cheval. Ces milieux humides favorisent également le développement d'une flore spécifique répertoriée par l'Office National des Forêts : en été l'hibiscus rose, si délicatement dessiné, s'épanouit accroché aux berges du Jouanin, près du petit pont romain, tandis qu'en hiver de longues écharpes de brumes flottent sur l'herbe rase donnant aux barthes leur caractère mystérieux.
Les barthes subissent l’influence :
- du fleuve avec la marée ;
- des eaux pluviales des Pyrénées par l'intermédiaire des gaves ;
- des eaux pluviales des coteaux ;
- des eaux de la nappe alluviale qui remontent par capillarité.
Les barthes aménagées
C’est au XVIIIe siècle qu’ont été entrepris de gros travaux pour assécher ces marais. L’Adour, qui changeait sans cesse de lit, a été canalisé en dressant des digues de pierre et de terre et le chemin de halage consolidé. Un réseau complexe de canaux a été creusé (canaux ou étiers de 3m de large et canaux plus étroits de 1m de large). Ces canaux recueillent les eaux de pluie, de ruissellement et d’inondations et les déversent dans l’Adour au niveau des « portes à flot » (imposants clapets anti-retour). Ces portes permettent aux barthes de se vider à marée basse et de contenir l’eau du fleuve à marée haute. Les barthes servent donc de grand réservoir de rétention.
Le système de drainage installé par les Hollandais au XIXe siècle afin de favoriser l'évacuation des eaux vers l'Adour et l'Atlantique vient compléter le dispositif.
En 1819, les barthes de Saubusse ont été partagées en 115 lots, c’est-à-dire autant de lots que de foyers que comptait le village à l’époque. Ainsi, un propriétaire qui possédait dix métairies avait droit à dix lots.
Les barthes à foin
Avant leur aménagement, elles devaient ressembler à de vastes marécages. Elles ont été en partie asséchées au cours des siècles pour y développer la culture. C’étaient (et ce sont encore) des terres communes à tous les habitants qui les utilisaient comme :
- prairies pour le pâturage en hiver,
- prairies pour le foin en hiver (barthes à foin),
- sites de culture des obiers et des aulnes (ou vergnes-saules) utilisés comme échalas pour les vignes,
- sites de pêche (saumon, civelle ou pibale, anguille, lamproie, alose... et des sangsues !).
Les métayers ou « barthais » ne reversaient pas au propriétaire une part du bénéfice de leur pêche. En 1721, les propriétaires se sont regroupés pour créer des syndicats et établir les statuts des barthes sauvages afin d’éviter la dégradation d’un bien mis à la disposition de tous.